Combien de temps va durer le confinement et l’impossibilité de rencontrer des propriétaires vendeurs à leurs domiciles pour obtenir un mandat de vente ou faire visiter des biens ?
Différents indices font penser que cela durera beaucoup plus longtemps que nous l’imaginons tous aujourd’hui. Pour autant, n’y aura-t-il plus de transaction ?
Certainement pas, et seuls ceux qui trouverons les parades pour faire face à ce paradoxe, s’en sortiront et redémarreront vite sitôt cette crise sanitaire passée.
En stand bye, mais pour combien de temps ?
Le 14 Mars, Edouard Philippe nous apprenait que notre activité n’était pas « essentielle » et que nous ne pouvions plus recevoir de clients en nos bureaux, quelques jours plus tard, avec le confinement, il devenait impossible de rencontrer des clients vendeurs à leur domicile et faire visiter des biens pour les vendre. Ajouté à la fermeture des offices notariaux et, par conséquent, l’absence d’encaissements, les professionnels ont compris qu’ils allaient devoir mettre entre parenthèses leur activité.
Qu’à cela ne tienne ! Nombre de réseaux ont dès cet instant proposé des formations spéciales, pour progresser sur tel ou tel point, des plans de travail pour mettre à jour les bases de données… Individuellement, chez eux les mandataires, comme beaucoup d’autres confinés, ont rangés leurs placards, tondus leurs pelouses ou encore sorti les jeux de sociétés pour passer le temps avec leurs enfants. Tout cela est bien sympathique, mais même si cela fait seulement 3 semaines, de plus en plus de professionnels se posent une et une seule question, combien de temps encore ?
Soyons réalistes
C’est à ce stade que mon article risque de moins vous plaire ! Si l’on observe ce qui se passe en Chine et en Italie, rien ne nous permet de penser que nous reprendrons, contrairement à ce que beaucoup imaginent, notre travail début mai. On le voit bien à Wuhan, même si la situation s’arrange, la reprise n’est que partielle et ne concerne que les activités essentielles. De même, tous les indices nous démontrent qu’en Italie, la reprise totale des activités commerciales n’est pas pour demain.
Il faut également considérer que la politique de confinement, n’a pas pour objectif de préserver les 80% de personnes qui ne vont ressentir que de faibles symptômes du covd19, mais éviter de surcharger nos hôpitaux avec un nombre trop élevé de personnes en réanimation simultanément. L’effet pervers de cette politique, est que les 50 à 60 % de personnes infectées et donc immunisées ne sera pas atteint avant plusieurs mois. Par conséquent, comment imaginer qu’un gouvernement autorise des activités non essentielles de redémarrer alors que plusieurs millions des personnes sont encore vulnérables ?
Les activités commerciales reprendront certes, mais doucement mais une activité comme la nôtre ne sera certainement pas prioritaire. Et ce d’autant plus, que le covid19 est particulièrement contagieux, y compris sur les vêtements ou documents d’une personne pourtant immunisée et non contagieuse, comme le démontre ce document du SAMU.
Le marché ralentira vraisemblablement, mais ne s’arrêtera pas
Dans l’immédiat, tout est figé : Plus de nouveaux mandats, plus de visites, plus de signatures. Mais pour autant, les Français, continueront à divorcer, changer de région pour des motifs personnels ou professionnels, il y aura toujours des successions…
Même si les ventes non indispensables, risquent d’être mises en stand bye de fait d’une crainte de la baisse des prix liée aux conséquences économiques de cette crise sanitaire, le marché Français de la transaction ne passera pas d’un million de transactions en 2019 à zéro en 2020.
La part incompressible de ce marché nous mettra au minimum à 500 000 transactions (soyons pessimistes !) comme cela s’est toujours vérifié lors des dernières crises. Mais, si nous ne pouvons pas rentrer de mandat et faire visiter ces biens, comment les ventes se feront-elles dans cette période transitoire qui risque de durer ?
Professionnels plus que jamais incontournables
Pour avoir commencé ma carrière en pleine crise de l’immobilier des années 90, je sais qu’une bonne part de nos vendeurs vont être en difficulté avec leurs banques, confrontés à des moins-values, voir à des prix de ventes inférieurs aux montants restant dus de leurs crédits immobiliers. La qualité de conseils des professionnels sera déterminante pour faire comprendre la dure, mais incontournable, réalité du marché et ce, pour éviter des drames plus graves encore en cas de surévaluations des biens.
Le contrôle de la capacité de financement des acquéreurs sera aussi incontournable pour éviter des ventes qui « cassent » en cours de route. Les durées de vente vont s’allonger, notre capacité à valoriser les biens, tant sur les annonces que dans leur présentation sera donc déterminante pour éviter des offres trop basses. Avec ces quelques points, on voit clairement que la valeur ajoutée des professionnels sera décisive pour mener à bien une transaction et justifier de la prestation (et donc des honoraires) des agents et mandataires immobiliers.
Comment travailler dans cette période transitoire et après
Les professionnels, s’ils ne peuvent pas pendant plusieurs mois se rendre chez leurs clients vendeurs ou faire visiter les biens restent incontournable, mais ils vont être confronté à de nouveaux problèmes, je vous propose de réagir sur quelques interrogations :
- Avez-vous l’intention de rentrer des mandats à distance avant la fin de la période de confinement?
- Pensez-vous faire visiter (par le propriétaire ?) des biens à vendre si vous ne pouvez pas le faire vous-même?
- A votre avis, ce contexte va profiter aux agences ou aux réseaux de mandataires?
- Cette crise sanitaire va t’elle favoriser l’émergence de nouveaux acteurs : Agences 100% virtuelles, Services « à la carte », Réseaux en coopérative (diminution des marges) ?